La « Grande Sécu » : médecine à 2 vitesses ?

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Jeudi 18 novembre, le Haut comité pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) a présenté la dernière version de son rapport visant à réguler le système de santé. Pour parvenir à cet objectif, le document passe en revue plusieurs scénarios ; le plus clivant prévoit d’étendre le champ d’intervention de la Sécurité sociale, ce qui pourrait se matérialiser par une absorption pure et simple des complémentaires santé au sein d’une « Grande Sécu ».

La « Grande Sécu » ouvre la porte à une médecine à deux vitesses, selon Florence Lustman (FFA)

Florence Lustman, la présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), a exprimé sa vive opposition au projet de « Grande Sécu », expliquant notamment dans une interview publiée jeudi dernier dans Les Échos qu’il ouvrirait la porte à une médecine à deux vitesses, avec un système à l’anglaise permettant aux plus aisés de payer une complémentaire santé et ainsi de se prémunir contre les carences du régime obligatoire, à travers un accès aux soins plus rapide et de meilleure qualité. Un constat partagé par Bernard Delas, le délégué général de l’Association pour le développement de l’assurance française (ADAF), interviewé en octobre dernier par les équipes de Previssima.

En outre, selon la présidente de la FFA, le véritable sujet ne devrait pas se concentrer autour de la répartition des coûts de prise en charge des soins entre l’assurance maladie obligatoire (AMO) et les organismes de complémentaire santé, mais devrait concerner les questions relatives aux inégalités d’accès aux soins et à la lutte contre les déserts médicaux.

Pour les complémentaires santé, une nationalisation du système de santé pourrait entraîner leur disparition pure et simple.

D’après Florence Lustman, il faudrait plutôt porter la réflexion en faveur d’une amélioration de l’accès à la complémentaire santé aux publics précaires (étudiants, retraités, chômeurs), à travers notamment un abaissement de la taxation sur les contrats de santé pour ces populations.

Le projet de « Grande Sécu » impliquera plus d’impôts pour les Français, estime Marie-Laure Dreyfuss (CTIP)

Dans son éditorial extrait dernier numéro de Prévoyance, le magazine du CTIP, Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du CTIP, a étrillé à son tour le projet de « Grande Sécu ». Dans ce scénario, « l’AMO prendrait intégralement en charge un panier de soins aux prix encadrés et ne laisserait à l’AMC que le remboursement d’actes médicaux aux tarifs libres ou des chambres particulières, entre autres », fustige-t-elle.

Sur le versant financier, elle s’interroge sur la viabilité financière d’un tel projet, alors même que la Sécurité sociale présente un déficit chronique abyssal s’élevant à plus de 30 milliards d’euros. Le rapport du HCAAM évoque une augmentation de la CSG et l’utilisation de la TVA ; autrement dit, cela suggère davantage d’impôts pour les Français, mais aussi plus de cotisations sociales et, dans le cadre du contrat santé collectif, la perte du bénéfice de l’exonération fiscale pour l’employeur.

Une « Grande Sécu » ne garantirait pas un accès effectif aux soins, explique Éric Chenut (FNMF)

Dans une publication postée sur LinkedIn, Éric Chenut, le nouveau président de la Mutualité française (FNMF), a fustigé le projet d’étatisation de la Sécurité sociale et ses promoteurs avançant « à marche forcée ».

En outre, la mise en oeuvre d’une « Grande Sécu » entraînerait une réduction de 70 % de l’activité des omplémentaires santé. A l’instar de la présidente de la FFA, Éric Chenut s’interroge sur l’avenir des personnels travaillant au sein des organismes complémentaires si la nationalisation du système de santé venait à être effective. Le cas échéant, la perspective d’un large plan social les concernant est à craindre, autant que celle des coûts de gestion exorbitants qu’impliquerait une reprise de ces salariés au sein des services de la Sécurité sociale.

Enfin, comme l’indique également Marie-Laure Dreyfuss, la déléguée générale du CTIP, Éric Chenut estime qu’un périmètre élargi de l’AMO ne permettra pas de combler le manque de financement de la branche maladie qui abouti à un déficit structurel.

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Publié par Patric Pommeau Patrimoine – Source

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