Livret A : la fausse bonne idée

Finance

La remontée annoncée du taux du Livret A est l’archétype de la décision qui a du sens sur le plan politique, mais qui économiquement n’en a aucun. Si elle flatte l’électeur en aidant l’épargnant, elle n’en reste pas moins pour le pays une « aberration. »

Je suis d’accord avec Monsieur Alexandre Counis (Les Echos) qui écrit que le placement préféré des Français verra sa rémunération accrue en début d’année. « Le taux du Livret A augmentera en janvier pour des millions de Français qui ont un compte », soit plus de 50 millions de personnes, a annoncé lundi matin sur BFMTV Bruno Le Maire. « J’en prends l’engagement ce matin », a-t-il assuré. Il s’agira de la première hausse depuis août 2011 (voir notre information précédente)

Un rendement réel en chute libre

En dépit d’un niveau de rémunération au plus bas, à 0,5 %, le Livret A a capté une bonne partie de la surépargne des Français, signe de leur préférence pour un placement liquide et garanti afin de faire face aux incertitudes liées à la crise sanitaire.

Le Maire promet d’apporter un peu d’air aux 55 millions de personnes qui en ont un, d’autant plus bienvenu que les taux désespérément bas laissent aux produits d’épargne peu d’espoir de rendement et que le pouvoir d’achat souffre de la hausse des prix à la consommation. Mais à mieux y regarder, la remontée du taux du produit d’épargne préféré des Français, loin d’être la panacée, est une fausse bonne idée.

Sur le front de l’épargne, d’abord. Que le taux actuel de 0,5 % remonte en février aux alentours de 0,8 % ou qu’il aille même un peu au-delà ne change rien à l’affaire : en termes réels, c’est-à-dire une fois retraité de l’inflation, le rendement du Livret A demeurera négatif, et de loin. Autrement dit, un tel placement restera destructeur pour le pouvoir d’achat des épargnants.

A qui profite vraiment cette hausse

On notera en outre que le cadeau que l’Etat s’apprête à offrir aux millions de titulaires du Livret A, à quelques mois de la présidentielle, profitera d’abord non pas aux plus petits épargnants, mais aux classes moyennes qui détiennent ces Livrets garnis autant que le permet leur plafond.

L’équation du logement social

L’équation du logement social

Cette mesure complique enfin l’équation du financement du logement social. Car remonter le taux du Livret A, c’est renchérir d’autant le coût de la ressource qui permet ensuite de prêter aux organismes de logement social. C’est interférer dans la transmission à l’économie de la politique de la Banque centrale européenne, dont les taux sont, eux, proches de zéro. Bref, c’est tout simplement se tirer une balle dans le pied.

La remontée annoncée du taux du Livret A est donc l’archétype de la décision qui a du sens sur le plan politique, mais qui économiquement n’en a aucun. Et si elle flatte l’électeur en aidant l’épargnant, elle n’en reste pas moins pour le ays une aberration.

Elle l’invite à remettre au pot à un moment où la surépargne des Français, accumulée pendant la crise du Covid et ses périodes de confinement, gagnerait à être aussi orientée vers d’autres pans de l’économie, comme la transformation digitale ou encore la transition écologique. Quitte à prendre un peu plus de risques, pour obtenir de meilleurs rendements.

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Publié par Patric Pommeau Patrimoine- Source

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